lundi 24 mars 2008

Lits froids, lits chauds !

C’est le maître-mot du tourisme valaisan en ce moment. Pour quelle pertinence pour quelles finalités ? Je ne vais pas prendre position pour l’ensemble du canton où, certainement, les problèmes sont divers et tiennent souvent pour partie à des particularismes liés à la situation et à l’historique de chaque station touristique.

Car on parle bien de « lits chauds et lits froids » dans seulement les endroits de villégiature saisonnière. Car dans la plaine où sur le coteau de proximité cela, bien sur, n’est pas le problème. Alors je vais axer ma réflexion sur Anzère où j’habite depuis bientôt 3 ans.

Il faut d’abord dire qu’Anzère est une station de tourisme, ce qui définit d’abord que l’on y trouve pendant la saison touristique 3 à 4 fois plus de résidents au minimum qu’en dehors de cette période. Anzère se trouve dans les Alpes et à 1.500 m ce qui signifie aussi qu’Anzère est une station dédiée principalement aux sports d’hiver. Et son domaine skiable et ses installations de « remonte-pentes» en atteste. Alors parlons-nous ici de lits chauds ou lits froids durant la saison du tourisme d’hiver ou de cette problématique pour toute l’année et encore pour quelle finalité.

S’agit-il de manque de lits disponibles sur cette période pour amortir les installations de sports d’hiver ou bien de amplitude de cette période ou encore de l’enneigement de la station, irrégulier selon les années. Car là tout le monde le comprendra les solutions sont bien différentes et hormis pour le premier point, la problématique n’est pas immobilière. Alors vouloir trouver des solutions, passant pour remédier à cet état de fait, par des réponses immobilières me semble un « faux-nez » cachant d’autres motivations par ceux qui en usent.

Et ce bilan annuel ou saisonnier de lits froids pour quelles finalités qui pourraient être du domaine des collectivités locales ou cantonales ? S’agit-il du problème de la fermeture de nombreuses surfaces commerciales et ceci même en période de forte affluence ou bien du manque de commerces en basse-saison ? Je crois qu’en l’espèce il faut connaître les raisons des fermetures de ces dits commerces et les raisons qui font que personne ne souhaite en prendre la suite.

Le problème de la fermeture de petits commerces est général et survient même dans les agglomérations où les gens vivent et travaillent à l’année. Cela tient au fait du développement des moyennes et grandes surfaces, aux habitudes de vies qui évoluent et du fait des couples dans lesquels les deux conjoints travaillent, ce qui n’était pas encore autant le cas il y a 20 ou 30 ans. Quant à ce qui se passe sur ce plan dans une station touristique, depuis que je fréquente ces endroits, que ce soit à la mer ou à la montagne, la majorité de ces commerces saisonniers étaient tenus par des commerçants partageant leur activité entre la mer l’été et la montagne l’hiver. Veulent-ils toujours autant travailler ? Ne veulent-ils pas, quand la saison est bonne à un endroit, y faire six mois d’activité à plein temps et prendre 6 mois de l’autre pour des activités non commerciales, voir le repos ?

Dans ces conditions, la « renaissance » de commerces à Anzère passe par la seule volonté de celles et ceux qui veulent venir y ouvrir un commerce et la clé de leur succès est d’abord que la station soit très fréquentée au moins 6 mois de rang. Par contre s’il s’agit de mieux amortir les installations propres aux sports d’hiver, il importe avant tout que l’offre soit assez diversifiée pour satisfaire toutes les demandes de ceux qui font à Anzère le plaisir d’y venir et ceci à tous les stades de leurs vies. En particulier, en haut du Pas de Maimbré, accompagnant cette année à l’école de ski mes petites filles, j’ai rencontré de jeunes parents qui venaient sur Anzère depuis leur enfance et qui avaient voulu y emmener à leur tour leur progéniture. La contrainte de ne pas trouver autour du Village, une offre avec l’école de ski suisse pour les tous petits et sans avoir à utiliser les services du télécabines, allait les inciter à aller dans d’autres stations aux prochaines fois. Reviendront-ils à Anzère quand leurs enfants seront plus grands. Avant que d’aller chercher de nouveaux visiteurs, n’importe-t-il pas de satisfaire les clients fidèles ?

Et si ensuite, la réussite de l’exploitation des installations couvrant le domaine skiable, de plus en plus coûteuse, passe sur une plus forte augmentation de la fréquentation de la station durant la saison enneigée, cela ne sera certainement pas résolu par la « promotion immobilière ». Les nouvelles générations ne peuvent se permettre de venir plusieurs semaines par an aux « sports d’hiver », ne serait-ce que parce que bien souvent ils partagent leurs congés avec la mer ou des visites dans leurs familles. Dans ces conditions l’achat d’une résidence à la montagne se justifie moins qu’il y a 20 ans ( à un moment où déjà l’immobilier coûtait moins cher à leurs budgets) et surtout si c’est pour venir y faire des sports de neige une semaine ou deux par an.

La location d’appartement est aussi bien moins prisée maintenant où les deux conjoints du couple travaillent et entendent profiter au maximum de cette semaine de neige. Ils recherchent donc de prestations hôtelières, ce qui se trouve en nombre manifestement insuffisant dans notre village, surtout si on compare cette offre avec celle dans les autres stations concurrentes du Valais. Dans ces conditions, le projet du groupe Maulin de venir y édifier de 1.500 à 3.000 lits chauds serait une aubaine, au moins pour une meilleure utilisation financière des installations du domaine skiable.

Il me semble dommage sur ce plan qu’un certain nombre de résidents « historiques » du Village ne soient pas favorables à une telle installation qui, immanquablement, apportera un accroissement de la fréquentation du domaine. Ils préféreraient à la fois avoir un domaine moins fréquenté mais ne sont pas prêts à payer des forfaits de 20% plus cher, ni à voir ceux-ci augmenter plus vite que l’inflation dans les années à venir.

Si donc des lits chauds doivent être trouvés à Anzère pour mieux accroître la fréquentation de la station au moment de la neige, c’est loin de passer par la promotion immobilière mais par une offre de services hôteliers bien plus importante. Que cclle-ci soit pérenne tout au long de l’année est une autre affaire que je développerais dans un prochain post.

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