vendredi 22 juin 2012

En 2012 les valaisans se mettent à apprécier les "lits froids"...

Voilà 55 minutes d'émission sur RTS Un dans Temps présent qui donne un éclairage valaisan sur l'Initiative populaire Weber acceptée par les suisses en février dernier. Quel est votre sentiment à ce sujet ?




Cette émission de  « Temps présent » sur RTS Un est édifiante et prête à réflexion… politique. Car enfin si on en revient à un minimum de subsidiarité, les cantons devraient avant toute chose être maîtres chez eux. Au moins quand il s’agit d’organiser leur cadre de vie et sans que des gens extérieurs au canton, fussent-ils suisses aient à imposer leurs avis.

Parce qu’enfin et quand on regarde ce reportage, depuis des dizaines d’années, ce canton à l’origine plus rural que d’autres où la majeure partie de ses richesses vives s’expatriait, avait trouvé jusque là un bon modèle économique afin de garder ses habitants sur place en leur donnant du travail. Est-ce bien raisonnable de tout remettre en question ? Y a-t-il un meilleur plan pour un meilleur avenir à tous ces gens là ? Je ne le crois pas et ce n’est pas Monsieur Weber qui en a un lui.

Quand on l’interroge et après un moment de réflexion, preuve que ce n’est pas quelque chose qui est discuté tous les jours dans son équipe, Hans Weber concède qu’un appartement qui serait loué à des touristes 100 jours par an pourrait se voir accepté en tant que résidence secondaire. Qu’est-ce que cela veut dire de louer une résidence secondaire 100 jours par an ? En ce qui me concerne cela ne veut rien dire. C’est proprement impossible économiquement et irréalisable. Surtout si les 265 jours qui reste le propriétaire voulait en profiter un peu.

Voyons cela d’un peu plus près. 100 jours cela fait 14 semaines. Dans les stations valaisannes que nous présentent ce reportage, la haute saison c’est 10 jours à Noël, 15 jours au mois de février et 15 jours en été (et encore pas au même tarif), cela fait sauf si j’ai mal fait mes calculs 40 jours. Il en manque 60, c’est à dire deux mois ! Cela pour l’aspect purement mathématique. Et si à la fin de l’année ces 100 jours ne sont pas atteints, qu’est-ce qui se passe ? La prison ?

Parce que louer un appartement c’est bien joli, mais ce n’est pas aussi rapide que de le dire. Il faut d’abord le commercialiser, puis le rendre « propre » à la location, accueillir les arrivants et leur donner quittance de leur départ. Mais plus encore il faut faire un grand ménage dans l’appartement et ceci en quelques heures dans le samedi après-midi. Faire chambre et salle de bains, c’est jouable pour des professionnels entraînés, mais un appartement c’est aussi une cuisine avec fours, lave-vaisselle, frigo, fourneaux, équipement ménager etc et là, la nourriture et ses déchets entrent en jeu. Il faut pourtant car c’est contractuel que l’occupant qui arrive dans l’après-midi trouve tout à l’état neuf. Propreté et hygiène suisse obligent. Et ces personnes simplement déjà en charge de ce tour de force doivent être là, s’il y a un client mais « libre » s’il n’y en a pas.

Quand tout cela implique des frais, surtout si l’on passe par une agence (qui ne saurait garantir en dehors de ces 40 jours quoique ce soit) il ne reste pratiquement plus rien pour « payer le bien ». Et surtout pour ne pas atteindre ces 100 jours fatidiques. Tout cela va-t-il vous inciter à acquérir une résidence secondaire dans le Valais, ou bien au contraire allez-vous tout faire pour éviter cette source d’emmerdes ? Et aller tout suisse que vous êtes ou autres ressortissants de l’UE, sous d’autres cieux.

Alors M. Weber nous dit que le Valais n’a qu’à développer son tourisme. Yaka faukon ! Parce que, à cette bonne idée M. Weber les valaisans n’y avaient pas pensé. Si à part quelques hôtels élitistes à 5 étoiles dans quelques stations huppées, l’hôtellerie de masse n’a plus d’avenir et quoiqu’en dise M. Weber. Cela « ne passe plus » ! Comme on a pu le voir avec cette hôtelière de Crans Montana. Et ceci n’en déplaise à l’UNIA par suite des niveaux de salaires en Suisse et la concurrence avec d’autres places comme dans d’autres pays de l’UE pour ne parler que de cet environnement qui pourtant devient mondial. La flotte française des croisièristes et le France était son fleuron a bien disparue pour la même raison. Allons nous être obligé de faire venir des saisonniers des Philippines pour l’hôtellerie de montagne pour rester concurrentiel ?

C’est bien pour cela que l’équilibre atteint jusqu’ici en Valais en construisant des résidences secondaires est le meilleur modèle possible. Des métiers du bâtiment et des milliers de places d’apprentissage préparent un avenir équilibré et radieux pour les valaisans. Que le produit de la vente des terres permet aussi à des familles de non seulement doter leurs jeunes mais de leur permet de créer des entreprises dans leurs villages ancestraux, c’est encore mieux. La Lex Weber le permet-elle ou bien remet tout cet équilibre en question ? Vaut-il mieux pour le Valais recevoir 2.000 nouveaux résidents fortunés ou 2.000 nouveaux faux requérants d’asiles, sans droits mais que la Suisse ne sait plus renvoyer et où d’ailleurs ?

Que penseraient ces genevois prompts à voter pour discuter de la manière qu’auraient trouvée les valaisans pour garder une activité dans leurs villages si les valaisans et beaucoup d’autres suisses avec eux votaient pour que les requérants d’asile entrés par Genève soient logés par milliers sur des barges amarrées dans le port de Genève ? Bons sentiments ou pas bons sentiments.

Et je n’ai pas parlé de la simple atteinte aux droits de la propriété individuelle. Est-ce un Droit de L’Homme ? Et si avec un recours auprès de cet organisme qui pensait se prévaloir de revenir sur l’interdiction d’élever des minarets, la Lex Weber ne trouvait plus à s’appliquer ? Pour rester plus sérieux et même si la « spéculation » immobilière fait des millionnaires chez ceux qui prennent des risques, cette Lex Weber doit déjà voir son application exclue du canton du Valais. Quand 75 % de la population votante du canton est contre c’est forcément et déjà là, une mauvaise loi.

lundi 4 juin 2012

Affiner ce que nous réserve la lex Weber.


Voilà un article intéressant paru le 23 mai dernier dans le journal Le Temps de Genève. Il présente à mon avis une bonne réflexion sur la mise en place aussi paisible qu'elle puisse être, de cette votation qui, à juste titre, a froissé plus que les autres les valaisans. Comme les autres cantons alpins d'ailleurs.

Au delà de la "défense du territoire", cette loi risque aussi de mettre à mal le simple droit de propriété et là les contentieux n'en finiraient pas tant l'antinomie serait inacceptable. Sur ce plan et sur la volonté de ceux qui se sont prononcés sur cette initiative, l'analyse des ces deux juristes me parait fondée et tout le dispositif ne concernera bien que les nouvelles constructions. Ce qui revient à dire que pour toutes les autres, édifiées ou au droit d'un permis délivré avant février 2012, rien de changé et les distingo entre résidences secondaires ou principales ne seront pas pertinentes.

Le débat va donc porter pour les nouvelles constructions et depuis cet article il semble déjà y avoir un consensus sur ce qu'est une résidence secondaire, c'est à dire une résidence dans laquelle le propriétaire n'habite pas et n'y paye pas ses contributions fiscales principales.

Un autre débat où les auteurs prennent un peu leur désir pour les réalités, c'est savoir à compter de quand la lex Weber entrerait en force. Depuis la date de la votation ou depuis le 1er janvier 2013 ? Si l'on s'en tient à l'esprit de cette votation comme les auteurs se plaisent à le dire sur d'autres plans tout à fait pertinents, je crains que la date du 1er janvier 2013 pour l'entrée en force ne soit contestée. Et il faut espérer que Doris Leuthard se prononce sur ce plan dès septembre comme il a été promis.

Il n'empêche que si des projets déjà bien avancés au niveau communal et sans opposition pourraient être défendus d'ici cette date je vois mal comment d'autres - de précaution pour tourner cette loi - pourraient être déposés à la va vite pour entrer en force d'ici le 1er janvier. Les contentieux qui s'ouvriraient et s'appuieraient sur l'esprit de cette votation donneraient à coup sur des discussions imprévisibles. 

Alors que la seule solution pour financer des biens locatifs en Valais reste passer par des villages sous gestion hôtelière exclusive, me semble aussi mettre la barre un peu haut au niveau réalisme. En effet, de tels projets existaient en maints endroits et ce n'est pas la présence de lits froids dans ces communes qui empêchaient leur avènement, mais bien la situation économique générale actuelle.

Il n'y a plus d'argent ni d'investisseurs aptes à risquer pour le moment. Je ne vois pas comment avec cette lex Weber, il en serait autrement demain. J'ai bien peur que les CA dans ces communes plafonnent donc périclitent. Il faudra alors immanquablement revenir dans les isoloirs ou voir le tourisme en Valais plus mal se porter et le canton n'avait pas besoin de cela.

Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs